Un prix de la Ville de Paris pour Les Dégommeuses !

Les Dégommeuses sont les lauréates du Prix international de la ville de Paris pour les droits LGBTQI+.

Le prix a été décerné le 17 mai, à l’Hôtel de Ville, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les LGBTphobies

Nous reproduisons ici le discours de Cécile Chartrain, présidente de l’association.

Bonjour à toutes et tous. Tout d’abord bravo à l’ANKH et au Collectif Intersexes et alliées pour leur engagement, qui méritait autant la distinction que le nôtre.  Merci beaucoup à la Mairie de Paris et aux membres du jury pour leur soutien et leur confiance. 
Merci à toutes et tous les membres des Dégommeuses, qui font vivre et rebondir l’association depuis plus de 10 ans maintenant. Et plus spécialement aujourd’hui à Nathanaëlle Gerbeaux, réalisatrice du clip de présentation de l’association, diffusé avant la délibération  du jury.

Le 17 mai est une journée de visibilité à laquelle nous sommes évidemment très attaché.es. Mais c’est aussi un moment pour se rappeler que cette visibilité a un coût qui n’est pas le même pour toutes et tous, en fonction des horizons dont nous venons. Se rappeler que certains enjeux de survie relèguent aussi parfois, hélas, malgré la volonté des personnes concernées, l’enjeu de la visibilité au second plan. Et qu’il y a urgence à agir pour les plus précaires et les plus isolées d’entre nous. 
Depuis les débuts de la crise liée au covid, les associations communautaires, dont les Degommeuses, ont dû prendre en charge un nombre croissant de situations humaines et sociales dramatiques. 
Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater à quel point ces initiatives communautaires sont dénigrées actuellement au sommet de l’Etat alors que celui-ci est incapable d’offrir lui même une protection à certaines catégories de la population. 
Nous voudrions profiter de cette tribune pour alerter en particulier sur l’accueil des migrantes et des migrants, y compris LGBT+, qui se degrade sensiblement en ce moment. 
Encore la semaine dernière, une membre de notre équipe, une militante lesbiennd ayant fui le mariage forcé et les menaces de viol au Burkina Faso, a reçu une réponse négative de la part de l’OFPRA.Ce n’est malheureusement pas un cas isolé mais le signe d’une politique gouvernementale répressive, négative et de plus en plus inhumaine qui se déploie à large échelle. Nous appelons chacune et chacun à y résister. 
Depuis 2015, avec #metoo, les militantes féministes et leurs allié.es ont appris à dire « on vous croit » aux victimes de violences sexuelles. Il est temps de dire et répéter  « on vous croit » à toutes celles et ceux qui, comme notre coéquipière, ont traversé les continents et les océans au péril de leur vie dans l’espoir de trouver un refuge et des conditions de vie plus dignes. Il sera bientôt temps de faire connaître notre colère dans la rue et dans  les urnes.

(crédit photo Joséphine Bureder)
 Josephine Bureder, Ville de Paris
© Josephine Bureder, Ville de Paris