Les Dégos à la Marche lesbienne 2021

Le 25 avril 2021, à la veille de la journée internationale de la visibilité lesbienne, s’est tenue à Paris la deuxième « marche lesbienne » de l’histoire. Une occasion pour célébrer nos identités de footballeur.ses et militant.es.

On reproduit ici le discours prononcé par la présidente des Dégommeuses, Cécile Chartrain, à la fin du cortège.

 » Je représente Les Dégommeuses, une équipe de foot militante. Je vais vous parler essentiellement de communauté, de visibilité et de solidarité. Parce que toutes les lesbiennes n’ont pas forcément l’envie ni l’occasion d’avoir recours à la PMA au cours de leur vie

Cela fait une dizaine d’années que, avec Les Degommeuses, nous écumons les terrains de foot et menons des actions de lutte – dans le sport et par le sport – contre le sexisme, la lesbophobie, la transphobie et toutes les discriminations.

Le football s’est construit historiquement comme un bastion de la virilité. Et il reste un sport très genré.

Les lesbiennes – qui s’y connaissent en matière de transgression des normes de genre – sont nombreuses dans le milieu du foot. Cependant, depuis des décennies, les fédérations, les clubs et les médias s’appliquent à masquer cette réalité. Comme si la présence lesbienne était déshonorante. Comme si elle ne pouvait que freiner l’interêt du public et le développement du foot féminin.  

ll a d’ailleurs fallu attendre fin 2020 et le coming out de la gardienne de buts Pauline Peyraud-Magnin pour assister enfin au premier coming out d’une joueuse de foot française de haut niveau en activité.

C’est donc pour échapper à l’étiquette « lesbienne » que nombre de parents ont dissuadé et dissuadent encore leurs petites filles de jouer au football. C’est pour échapper aux sous-entendus et aux interrogations insistantes autour de leur sexualité que nombre de jeunes filles, lesbiennes en devenir ou pas, se détournent du football. C’est pour échapper au silence imposé sur leur vie privée, combiné à un tas d’injonctions autour de leur apparence et de leur expression de genre, que des lesbiennes, des trans, des personnes non binaires choisissent finalement d’aller « brouter le gazon » ailleurs. C’est-à-dire de vivre leur passion dans des cadres sportifs plus bienveillants et protecteurs, comme nous avons essayé d’en bâtir avec Les Dégommeuses. Et de se mettre ensemble pour inventer de nouvelles formes de jeu, de solidarité, de visibilité.

Sur les terrains de foot et en dehors, le collectif nous donne la force de nous assumer, de nous émanciper et de devenir la meilleure version de nous-mêmes… Alors, parfois, souvent, comme le dit un collage marquant repéré sur les murs de Paris, « être lesbienne est une fête »!

Nous avons deux messages principaux à diffuser dans le cadre de cette marche lesbienne.

Tout d’abord, au moment où les minorités se font attaquer parce qu’elles osent imaginer des réunions en non mixité, nous voudrions rappeler à celles et ceux qui l’ignorent que c’est grâce à l’autosupport et à l’entraide communautaire que nombre d’entre nous pouvons survivre à la lesbophobie et à la transphobie, au racisme systémique, à la crise économique et sanitaire. La communauté, c’est la vie !

Ensuite, nous voudrions alerter sur le fait que, dans cette communauté qui nous tient tant à cœur,  nous ne sommes pas toutes égales (égaux) face à la visibilité et à l’engagement. En effet, avant de penser à faire collectif pour défendre ses droits – notamment pour la PMA – et de faire acte de visibilité, il faut avoir un toit au-dessus de sa tête et de quoi manger. »

C’est pourquoi nous profitons de cette prise de parole pour encourager toutes les lesbiennes et allié.es présent.es à cette marche à faire encore davantage pour les lesbiennes exilées et les plus précaires. Plusieurs associations comme la nôtre, Les Dégommeuses, ont mis en place des caisses de solidarité. Le fonds de dotation la LIG (Lesbiennes d’Intérêt Général) également. Ces caisses, ces fonds de solidarité sont gérés scrupuleusement. Alors n’hésitez pas à donner si vous le pouvez,  tout en continuant à demander des comptes à la classe politique et aux pouvoirs publics, plus que jamais!