Journée mondiale des réfugié.e.s
À l’occasion de la journée internationale des réfugié.e.s, nous avons souhaité donner la parole à l’une des nôtres. Championne tous terrains, Sita a accepté de partager un peu de son histoire. (Propos recueillis par Cécile)
1) Peux-tu te présenter brièvement? Comment t’appelles-tu, d’où viens-tu ?
Je m’appelle Sita, j’ai 28 ans, et je suis originaire de Côte d’Ivoire. Je suis une ancienne sportive de haut niveau, championne de Taekwondo. Grâce à ce sport, j’ai pu voyager dans différents pays pour des compétitions importantes : au Cameroun, au Mozambique ou encore au Mexique. J’ai été vice-championne d’Afrique en 2009, médaillée de bronze au Jeux Africains en 2011 puis médaillée de bronze aux championnats du monde par équipe organisés en 2013 dans mon pays. J’avais une belle carrière sportive que j’aurais souhaité poursuivre, mais il y a toujours des imprévus dans la vie…
2) Qu’est-ce qui t’a amenée en France ? Comment as-tu connu les Dégommeuses?
J’ai dû faire face à des problèmes sérieux avec ma famille en raison de mon orientation sexuelle, ce qui m’a poussée à quitter la Côte d’Ivoire pour la France. J’ai rencontré les Dégos grâce à mon ami et accompagnant Fabrice, militant actif au sein de l’ARDHIS, qui m’a présentée à Anne, une ancienne membre des Dégommeuses. C’est elle qui m’a orientée vers l’association, au départ. Les Dégos m’ont apporté et m’apportent toujours du soutien et de la stabilité, même si je ne vis plus à Paris à temps plein. Elles ont notamment été présentes lors de ma procédure de demande d’asile, quand j’en avais le plus besoin. Je joue toujours au foot avec les Dégos de temps en temps et je suis certaines activités à distance. Pour moi, c’est une seconde famille.
3) Où en es-tu aujourd’hui dans ton parcours personnel et professionnel ? Comment vas-tu ?
Je considère la France comme un pays hospitalier, qui m’a accueillie et donné une chance de me reconstruire et d’avoir à nouveau de l’espoir. Mes projets ont changé en cours de route mais je garde en tête mon objectif : réussir ma vie. J’ai obtenu officiellement le statut de réfugiée en avril 2018. J’ai commencé une formation d’agent.e de sécurité en novembre 2018, trouvé dans le mois suivant un logement, puis j’ai intégré assez rapidement le monde du travail. Je navigue pas mal entre Paris et Tours pour le boulot, mais on peut dire que ça va. D’autant que j’ai retrouvé des ami.e.s originaires de Côte d’Ivoire en France. Puisqu’on m’a aidée dans mes démarches de demande d’asile, c’est aujourd’hui ce que j’essaye de faire à mon tour : soutenir celles et ceux qui sont un peu perdus à leur arrivée, leur expliquer comment moi j’ai fait avec les papiers, les motiver. C’est une chose que j’ai pu faire pour d’autres personnes exilées membres des Dégommeuses.
4) Un petit mot de conclusion à l’attention des personnes exilées et des gens qui vont te lire ?
Pour conclure, j’aimerais apporter mon soutien à toutes celles et ceux qui sont encore en cours de procédure. Ce n’est pas évident mais il faut rester positif, être optimiste, suivre les règles dans le bon sens et essayer d’être actif, même si vous n’êtes pas en situation régulière. Je pense que l’essentiel est d’avoir un mental d’acier et comme je le dis souvent, c’est facile de dire mais c’est autre chose de faire. Au niveau de l’Etat français, on vit en ce moment une situation terrible concernant le Covid-19. J’espère que cela servira leçon : on ne sait jamais à quel moment le malheur peut frapper, hier c’était les autres, aujourd’hui c’est toute la terre qui s’alarme. Être réfugié ne veut pas dire être inutile à la société, alors aidez-nous, soyez plus indulgents et merci encore pour tout ce que vous faites ou ferez pour les exilés.